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Ténèbres, de Guillaume Soulatges
L'Enfant naturel, Guillaume Soulatges

Ténèbres


Guillaume Soulatges, Ténèbres

88 pages n&b
21,5 x 28,5 cm
23€
ISBN : 979-10-95922-58-2
Sortie : octobre 2023


POUR PUBLIC AVERTI


Alors que l’univers référentiel de Guillaume Soulatges est de longue date un ample corpus d’images « sans qualité », notamment relatives à l’érotisme et la pornographie, on pouvait légitiment supposer que le Japon et une certaine esthétique « manga » figureraient un jour ou l’autre parmi ses horizons d’intérêt. Ce dont on se serait moins douté, c’est que l’artiste l’envisagerait plutôt comme une interrogation sur les motivations d’une fascination généralisée plutôt que comme une plongée dans un univers familier auquel il s’agirait de rendre hommage. En conséquence, un manga de Guillaume Soulatges ne pouvait qu’être davantage un livre de Guillaume Soulatges qu’un manga à proprement parler.
Ici, ce sont donc les motifs, les calligraphies de kanjis et kanas, les jeux de construction de planches et le « sens de lecture » qui focalisent la singularité de ce travail-ci au sein de sa bibliographie. Néanmoins, un simple regard d’entomologiste sur les figures canoniques d’un certain « exotisme porno-pop » ou autre « orientalisme punk » ne saurait suffire à un artiste véritablement ambitieux. C’est pourquoi le livre s’attache encore à inscrire dans ses compositions dessinées des motifs digressifs (tels des paysages en ruine de l’après-guerre, la décrépitude de zones portuaires à l’abandon, la fixation du pourrissement de corps momifiés — qui résonnent avec ceux, contemporains, préservés dans les chambres froides des morgues —, et une imagerie médicale opératoire), en un ensemble parsemé de pages quasi réflexives, fixant l’altérité fondamentale du monde animal en témoin muet des aberrations humaines.
Si l’artiste présente ces 88 planches comme un hommage à certaines de ses influences les plus notables, avec lesquelles il s’agirait d’enfin solder ses derniers comptes (Bazooka, Slocombe, et Trevor Brown en tête), leurs biais d’appré-hension restent innombrables, et l’on y verra tour à tour une étude en acte sur le pourrissement de la chair, un inventaire des motifs les plus grotesques de l’esthétique « hentaï », une traversée de regards troubles générant de déstabilisants effets de rétroactions (passant de l’œil de l’auteur de l’image originelle à celui de la figure représentée, jusqu’à celui de Guillaume lui-même — catalyseur et révélateur —, s’offrant pour finir à notre propre appréhension), une étude de ce que peuvent les agencements de bande dessinée en matière d’hybridations et de transformations des formes et des figures, un manifeste sur les attentes constamment déçues du désir, et tant d’autres choses passionnantes encore.


Auteur, dessinateur et éditeur, Guillaume Soulatges co-fonde en 2002 la maison d’édition STRATÉGIE ALIMENTAIRE, avant de créer CULTURE COMMUNE (2013-2019). Il présente ses dessins dans de nombreuses expositions, ainsi que dans des ouvrages collectifs ou monographiques (une vingtaine de livres, dont quatre au Dernier Cri).


L'Enfant naturel


Guillaume Soulatges, L'Enfant naturel

68 pages n&b / couverture en sérigraphie 2 passages / reliure japonaise
27 x 17,5 cm
18€
ISBN : 979-10-95922-47-6
Sortie : septembre 2021


Pour la majeure partie du public au fait de ses activités, le travail de Guillaume Soulatges est d’abord associé à la scène graphique underground des vingt dernières années. Auteur, dessinateur et éditeur, il co-fonde en 2002 la maison d'édition Stratégie alimentaire, puis anime seul Culture commune (2013-2019), tandis qu’il présente ses dessins dans le cadre de nombreuses expositions (tant institutionnelles que souterraines), et d’ouvrages collectifs ou monographiques (une vingtaine de livres signés, dont quatre au Dernier Cri). Largement nourrie d’images « sans qualité » issues des sous-produits visuels (catalogues de supermarché, revues pornographiques, guides pratiques illustrés, etc.), la partie la plus visible de son œuvre, frontale et très explicite, a jusqu’à présent masqué ses approches plus narratives.
L’Enfant naturel est un livre qui s’articule au fil de 64 images sublimes, entre pointillisme réaliste névrotique et expressionnisme discrètement libidinal, publiées en pleine page. Un récit initiatique à la première personne d’années de jeunesse troubles, hantées par la pauvreté, la solitude, les discriminations et les coercitions multiples. Ancrée dans cet espace-temps suintant des Trente Glorieuses finissantes, l’histoire emprunte à la préciosité d’une syntaxe d’un autre siècle comme pour mieux appuyer quelque chose d’une nostalgie un rien morbide, néanmoins envisagée comme socle d’une détermination individuelle trempée. Le caractère édifiant de ce parcours est alors figuré par le chemin vers l’école, partant de la campagne profonde, entre corps de fermes vétustes et granges croulantes, en direction de la grande ville. À travers champs et forêts, d’abord, sous le regard indifférent des calvaires et des bêtes sauvages. Avant de pénétrer pas à pas dans l’espace urbain, errance programmatique vers une « civilisation » qui n’a su que trop bien hiérarchiser la position des êtres selon leur habitat : bidonville, barres d’immeubles, puis pavillons bourgeois.... L’école, alors, apparaît comme le cœur des enfers, saturé de corps tordus et de faces difformes, tout à la brutalité d’une enfance qui n’a gardé du parfum du jardin d’éden que l’irréductible foi en l’avenir du narrateur.

Ténèbres


Guillaume Soulatges, Ténèbres

88 pages n&b
21,5 x 28,5 cm
23€
ISBN : 979-10-95922-58-2
Sortie : octobre 2023


POUR PUBLIC AVERTI


Alors que l’univers référentiel de Guillaume Soulatges est de longue date un ample corpus d’images « sans qualité », notamment relatives à l’érotisme et la pornographie, on pouvait légitiment supposer que le Japon et une certaine esthétique « manga » figureraient un jour ou l’autre parmi ses horizons d’intérêt. Ce dont on se serait moins douté, c’est que l’artiste l’envisagerait plutôt comme une interrogation sur les motivations d’une fascination généralisée plutôt que comme une plongée dans un univers familier auquel il s’agirait de rendre hommage. En conséquence, un manga de Guillaume Soulatges ne pouvait qu’être davantage un livre de Guillaume Soulatges qu’un manga à proprement parler.
Ici, ce sont donc les motifs, les calligraphies de kanjis et kanas, les jeux de construction de planches et le « sens de lecture » qui focalisent la singularité de ce travail-ci au sein de sa bibliographie. Néanmoins, un simple regard d’entomologiste sur les figures canoniques d’un certain « exotisme porno-pop » ou autre « orientalisme punk » ne saurait suffire à un artiste véritablement ambitieux. C’est pourquoi le livre s’attache encore à inscrire dans ses compositions dessinées des motifs digressifs (tels des paysages en ruine de l’après-guerre, la décrépitude de zones portuaires à l’abandon, la fixation du pourrissement de corps momifiés — qui résonnent avec ceux, contemporains, préservés dans les chambres froides des morgues —, et une imagerie médicale opératoire), en un ensemble parsemé de pages quasi réflexives, fixant l’altérité fondamentale du monde animal en témoin muet des aberrations humaines.
Si l’artiste présente ces 88 planches comme un hommage à certaines de ses influences les plus notables, avec lesquelles il s’agirait d’enfin solder ses derniers comptes (Bazooka, Slocombe, et Trevor Brown en tête), leurs biais d’appré-hension restent innombrables, et l’on y verra tour à tour une étude en acte sur le pourrissement de la chair, un inventaire des motifs les plus grotesques de l’esthétique « hentaï », une traversée de regards troubles générant de déstabilisants effets de rétroactions (passant de l’œil de l’auteur de l’image originelle à celui de la figure représentée, jusqu’à celui de Guillaume lui-même — catalyseur et révélateur —, s’offrant pour finir à notre propre appréhension), une étude de ce que peuvent les agencements de bande dessinée en matière d’hybridations et de transformations des formes et des figures, un manifeste sur les attentes constamment déçues du désir, et tant d’autres choses passionnantes encore.


Auteur, dessinateur et éditeur, Guillaume Soulatges co-fonde en 2002 la maison d’édition STRATÉGIE ALIMENTAIRE, avant de créer CULTURE COMMUNE (2013-2019). Il présente ses dessins dans de nombreuses expositions, ainsi que dans des ouvrages collectifs ou monographiques (une vingtaine de livres, dont quatre au Dernier Cri).